Les Russes n'ont pas appris l'art de la séduction. C'est ce qui fait leur charme.
Ces hommes et ces femmes déclassés, Olivier Rolin les rencontre à chaque étape d'un long voyage, dans l'immensité sibérienne, à bord du train le "Baikal-Amour-Magistral".
Sur des milliers de kilomètres de taïga, loin de tout, à l'écart du romantisme du Transsibérien, on traverse ici une Russie à l'abandon.
Chaque voyage est une évasion, une liberté, mais là, à la monotonie du paysage s'ajoute le tragique de l'Histoire. Le BAM a été construit sur les ossements des bannis du tsarisme et surtout des déportés de l'Union soviétique; et les derniers habitants que croise Olivier Rolin sont les survivants d'une "vieille Russie déglinguée et endormie".
Pourtant, comme une fleur rudérale; de la décrépitude, de l'aboulie généralisée, Rolin traque, l'air de rien, la grâce, la poésie, la grandeur du peuple russe.
On pense à la phrase d'Arthur Cravan : " Les imbéciles sont ceux qui ne voient la beauté que dans les belles choses ".