On connait peu l'Histoire du Guatemala. Dire " peu ", c'est ici pour dire plutôt " pas du tout ". Aussi quand un Prix Nobel de littérature nous entraine dans cette Histoire tumultueuse, le lecteur curieux d'aventures politiques peu banales frétille d'impatience.
En 1950, le Guatemala est un petit pays arriéré, féodal, aux préjugés racistes tenaces. Le nouveau Président Arbentz , à l'optimisme innocent, veut moderniser et démocratiser cette République. Aussitôt de nombreux ennemis se mobilisent, grands propriétaires terriens, chefs d'entreprises, la majorité des officiers supérieurs, tous anticommunistes et réactionnaires. Le Président démocrate renversé , arrive une période de putschs militaires successifs...
A l'extérieur le dictateur dominicain Trujillo manipule chacun à son avantage, de Washington ou de Miami, les gringos pilotent cette machinerie sans vergogne. A chaque fois l'Archevêque de Guatemala béni les puissants du moment.
Avec une construction virtuose mais ardue, M Vargas Llosa retrace ces péripéties à hauteur d'homme. Et les portraits sont savoureusement féroces. On respire les ambitions, les égos surgonflés, le ressentiment, la médiocrité, le sadisme de ces apprentis Caudillos..
Tous sont fiers d'être supérieurement machistes...
Mario Vargas Llosa nous montre surtout que dans cette histoire le peuple guatémaltèque ne joue aucun rôle.
Ici " aucun " veut bien dire "aucun ".