UNE FILLE, QUI DANSE
De JULIAN BARNES
Traduit par JEAN-PIERRE AOUSTIN
Mercure de France
Présentation
Ceux qui veulent nier le passage du temps disent : quarante ans, ce n'est rien, à cinquante ans on est dans la fleur de l'âge, la soixantaine est la nouvelle quarantaine et ainsi de suite. Je sais pour ma part qu'il y a un temps objectif, mais aussi un temps subjectif... le vrai, qui se mesure dans notre relation à la mémoire. Alors, quand cette chose étrange est arrivée, quand ces nouveaux souvenirs me sont soudain revenus, ç'a été comme si, pendant ce moment-là, le temps avait été inversé... Comme si le fleuve avait coulé vers l'amont. Tony, la soixantaine, a pris sa retraite. Il a connu une existence assez terne, un mariage qui l'a été aussi. Autrefois il a beaucoup fréquenté Veronica, mais ils se sont éloignés l'un de l'autre. Apprenant un peu plus tard qu'elle sortait avec Adrian, le plus brillant de ses anciens condisciples de lycée et de fac, la colère et la déception lui ont fait écrire une lettre épouvantable aux deux amoureux. Peu après, il apprendra le suicide d'Adrian. Pourquoi Adrian s'est-il tué ? Quarante ans plus tard, le passé va ressurgir, des souvenirs soigneusement occultés remonter à la surface - Veronica dansant un soir pour Tony, un week-end dérangeant chez ses parents à elle... Et puis, soudain, la lettre d'un notaire, un testament difficile à comprendre et finalement, la terrible vérité, qui bouleversera Tony comme chacun des lecteurs d'Une fille, qui danse.
Le mot du libraire
La mémoire et le temps
Qu'arrive-t-il à la mémoire, avec le temps...?
Telle est la question, lancinante, que se pose le narrateur, Tony Webster. Quand il évoque son adolescence, il n'est jamais sûr de ne pas inventer, ou de ne pas oublier certains aspects ou certains évènements. Entre l'évocation de Veronica, sa première petite amie, de Margaret, son ex-femme, et d'Adrian, le brillant élève, le narrateur se pose beaucoup de questions, et se demande si, à un stade avancé de l'existence, nos émotions d'autrefois changent.... "Mais le temps... comme le temps nous soutient d'abord, puis a raison de nous...", et que finalement, plus on vit moins on comprend.
Grâce à une construction très réussie et un rebondissement final inattendu, Julian Barnes réussit son pari sur ce sujet maintes fois traité en littérature.